Juif français ou Français juif ?
Le débat est, semble-t-il relancé … et ce n'est guère de bon augure …
Faut-il parler des Français juifs ou des Juifs français ? Il n'est donc pas mort ce terrible Abbé Grégoire, "avocat" des droits des Juifs et des esclaves durant la mascarade révolutionnaire parisienne de 1789. Pour lui aussi, il fallait choisir entre devenir un citoyen de confession israélite avec tous les droits y attachés, ou demeurer un Juif, condamné à l'exclusion et à l'errance.
Syndrome absurde de la soi-disant "double allégeance" …
Quel orgueil ! Comme si cette machinerie logistique qu'est la République, pouvait répondre aux questionnements spirituels et existentiels de l'homme, lorsque celui-ci veut vivre débout et pensant, face à la mort et à l'amour.
Quel orgueil de croire que la tambouille politicarde républicaine puisse faire office d'ontologie, de théologie et de sotériologie, tout à la fois !
Quel orgueil de refuser de voir et de savoir que le politique (lorsqu'il est digne et respectable, ce qu'il n'est plus depuis deux siècles), avec l'économique et le noétique, sont les trois moteurs qui, ensemble, font évoluer les communautés humaines depuis ce qui les nourrit (leur passé, leur mémoire, leur culture) vers ce qui les accomplit (leur futur, leur vocation, leur destin).
Quel orgueil de vouloir réduire tout cela au seul brouet politicien !
L'essentiel de l'homme n'est pas dans ses rapports sociaux, plus ou moins pacifiés ou harmonisés par les pouvoirs et les lois édictés par quelques-uns ; l'essentiel de l'homme est au fond de son âme, seul face à lui-même. La couleur ou les emblèmes de sa carte d'identité n'y changeront jamais rien.
Je ne suis ni un Israélite de nationalité française, ni un Français de confession israélite.
Je suis Juif, spirituellement, Européen, culturellement, et Morvandiau, naturellement !
Marc HALÉVY, 28 février 2015.