Pour comprendre mieux l'Islam et ses mouvances
Les Faits ...
Tout l'Islam est construit sur la prédication de Mu'hammad dit "le Prophète". Celui-ci était un chamelier orphelin et illettré qui épousa Khadija, une riche veuve nettement plus âgée que lui (par la suite, il épousa 10 ou 12 autres épouses, souvent des veuves aisées, mais aussi Aïcha lorsqu'elle n'avait que 9 ans) ; cette aisance financière apportée par Khadija lui permit de s'adonner à son œuvre religieuse.
L'existence de Mu'hammad est historiquement attestée ; en revanche, le récit de sa vie relève majoritairement de la légende.
On sait seulement qu'il croyait fermement que sa ville, La Mecque, allait adhérer "évidemment et naturellement" à sa prédication telle qu'elle est contenue dans les Sourates ("chapitres") mecquoises du Coran. Ces Sourates sont pleines de bons sentiments et, par elles, Mu'hammad vise surtout à remplacer l'animisme traditionnel arabe par un monothéisme qu'il avait hérité de ses amis chrétiens et juifs locaux (certains disent même que sa mère ou sa grand-mère étaient juives).
Les Mecquois se moquèrent de son enseignement et rejetèrent Mu'hammad au point qu'il dut s'enfuir et se réfugier à Médine, une ville voisine (cette fuite, appelée l'Hégire, constitue le début du calendrier lunaire musulman).
Arrivé à Médine, il continua son travail de prédication et de composition coranique, comptant sur la conversion des tribus monothéistes juives locales à son propre monothéisme renouvelé. On dit même que la mise par écrit du début du Coran fut exécutée, sous la dictée de Mu'hammad, par le rabbin d'une de ces communautés.
Quoiqu'il en soit, les Sourates médinoises changent de ton et deviennent haineuses, violentes, cruelles, velléitaires et guerrières. Mu'hammad s'aigrit de plus en plus. Voyant le refus narquois des tribus juives de se convertir à sa prédication, dès qu'il en a les moyens humains, il organise leur extermination, puis part à la reconquête armée de La Mecque.
De là, il lance son embryon d'armée à la conquête de tous les territoires linguistiquement arabes, puis, de proche en proche, de tous les territoires assez faibles pour être subjuguer par cette armée maigrichonne … jusqu'en Inde, jusqu'en Espagne, jusqu'au Bosphore.
Le religion monothéiste originelle s'est ainsi très vite convertie en une idéologie guerrière dont les Sourates médinoises font l'apologie.
La rédaction du Coran, selon l'apologétique musulmane, fut réalisée d'un trait, sous la conduite d'Uthman, troisième calife, sur base du témoignage précis des disciples premiers du Prophète qui avaient parfaitement mémorisé les Sourates dictées par l'ange Gabriel à Mu'hammad. Ce Coran est censé avoir été transmis ne varietur depuis. Rien n'est plus faux. Le Coran a connu de nombreux rédacteurs, copistes et correcteurs. On a récemment retrouvé un Coran quasiment de l'époque originelle qui comprend des variantes significatives par rapport au texte considéré aujourd'hui comme canonique. Comme tous les textes dits sacrés, le Coran a, lui aussi, une histoire, une évolution et des variations que seul le fanatisme aveugle tente de nier.
A la mort de Mu'hammad, celui-ci n'avait rien prévu quant à sa succession à la tête de l'organisation guerrière de l'Islam. Deux voies ennemies - jusqu'à aujourd'hui - s'ouvrirent : celle par le sang qui est la voie chiite, et celle par la tradition qui est la voie sunnite.
Du fait que Mu'hammad mourut sans fils, la voie shiite reconnut Ali, époux de Fatima, la fille du Prophète et donc beau-fils de celui-ci, comme successeur du Prophète.
L'assemblée des "croyants", donc la Sunna, préféra Abou Bakr qui, en fait, … prit le pouvoir de force.
Chiisme et Sunnisme, aujourd'hui encore, sont de grands frères ennemis au sein de l'Islam.
- Le premier, le chiisme, est volontiers plus mystique et ésotériste, plus élitaire, héritier de la science, de la poésie et de la philosophie persanes. Les mouvements mystiques et extatiques connus sous le nom de soufisme, relèvent du chiisme et sont souvent violemment rejetés et persécutés - voire exterminés - par les sunnites.
- Le second, le sunnisme, est ataviquement plus doctrinaire et exotérique, plus populaire, recrutant surtout parmi les classes paysannes et pauvres, illettrées et crédules.
Au-delà du Coran, dans l'Islam, la Sunna est la "tradition" qui prolonge le Coran et qui en contient tous les autres éléments doctrinaux tels que véhiculés par "l'ensemble des croyants" donc, en fait, par leurs "représentants" : les imams.
La Sunna Allah a, au fil du temps, pris quasi force de loi. Elle est la "voie de Dieu" autant que la "loi de Dieu".
En gros, la Sunna est manifestée dans la longue liste des Hadiths qui complètent le Coran selon le même schéma littéraire que la Mishnah complète la Torah, et que la Mishnah est commentée dans les Guémarot pour former les deux Talmuds.
Les Hadiths appellent interprétation.
Il y a, globalement, quatre écoles juridiques musulmanes pour guider l'interprétation du Coran.
- L'école hanafite ne tient compte de la Sunna que comme source d'inspiration indicative, et laisse la libre interprétation personnelle (Chine, Afghanistan, Tadjikistan, Pakistan, Inde, Bengale, Bangladesh, Turkestan oriental, …).
- L'école chafi'ite cherche un juste milieu entre interprétation libre et Sunna (Egypte, Erythrée, Indonésie, Thaïlande, Inde du sud, Suriname, Comores, Philippines, Yémen , …).
- L'école malékite se réfère clairement à la Sunna, mais de façon souple et entr'ouverte (Afrique du nord et de l'ouest, …).
- L'école hanbalite impose la littéralité stricte et dure du Coran et de la Sunna, elle forme le cœur du wahhabisme saoudien et du salafisme (et du djihadisme qui en est la branche la plus radicale avec Daesh et Al-Qaïda) ; ce fanatisme salafiste est financé et encouragé par l'Arabie Saoudite et vise à annihiler toutes les autres écoles musulmanes considérées comme déviantes, et à assujettir tous les non musulmans en tant qu'infidèles.
Une conclusion simple s'impose : il est indispensable que les musulmans sains (donc surtout hanafites et chafi'ite, avec des éléments malékites peu radicalisés) et les non-musulmans s'allient pour anéantir l'Arabie Saoudite[1] et, par voie de conséquence, la salafisme, le wahhabisme et le djihadisme.
Marc Halévy, octobre 2016.
[1] Et de réduire à l'impuissance définitive les descendants d'Ibn Saoud, élu politiquement par les Britanniques dès 1915, en vue de combattre l'empire ottoman "de l'intérieur" et de mettre la main sur les richesses pétrolières de ces déserts stériles : la compagnie British Petroleum - la BP - fut conçue à cette fin.