Technologie : où va-t-on ?
Les 80% des revenus de Google ou de FaceBook proviennent de la publicité. Cela signifie qu'une fois installés dans le nouveau paradigme où la publicité ne servira plus à rien (elle sera considérée comme une pollution informationnelle aussi intolérable que la pollution de l'air ou des eaux), ce modèle économique s'effondrera car personne n'est prêt à payer pour les gadgets de Google ou FaceBook. (déjà aujourd'hui, beaucoup "d'amis" s'enfuient à toutes jambes).
De même, Apple est déjà en train de reculer nettement du fait de sa stratégie entièrement bâtie sur des gadgets ludiques improductifs (musiques, photos, films, vidéos, réseaux sociaux, …) plutôt que sur des outils de production de valeur (ce qui a toujours été plutôt la stratégie de Microsoft que beaucoup considèrent, totalement à tort, comme ringarde).
Tout cela signifie que, dans moins de dix ans, ces dinosaures californiens qui rêvent de transhumanisme et d'humanité augmentée, se retrouveront prosaïquement sur la paille et disparaîtront.
Plus généralement, dès que les effets de modes s'effacent et que les utilisateurs de ces technologies parviennent à un stade de maturité suffisante, le principe d'utilité objective reprend ses droits et les joyeux déguisements vides s'évaporent.
Il en va de même pour tous les processus actuels d'ubérisation (blablacar, airbnb, uber, amazon, ebook, etc …) vont trouver leur juste place dans le paysage économique, les effets de mode, de nouveauté, de snobisme et d'engouement vont s’évanouir, et le soufflé, artificiellement entretenu par une certaine presse et les gogos citadins, va se dégonfler à toute vitesse.
Il ne s'agit pas de prédire la disparition de ces techniques nouvelles ; il s'agit d'affirmer que, bientôt, ces marchés seront à maturité et que ces techniques y auront trouver leur juste place, non pas en concurrence contre les autres techniques, mais en complémentarité d'elles.
Il est donc essentiel de bien voir ces effets de mode afin de ne rien construire de durable sur eux.
Par exemple : les réseaux sociaux sont en train de se rétracter comme peau de chagrin ; il faut donc les considérer comme une vogue temporaire et surtout pas comme un média stratégique pour l'avenir d'une activité économique quelle qu'elle soit.
Nous sommes dans la dialectique du maître et de l'esclave de Hegel. Le maître devient vite esclave de ses esclaves (il ne peut plus s'en passer et il a impérativement besoin d'eux puisque sa vie à lui est construite sur l'esclavage). Donc, progressivement, c'est l'esclave qui devient le maitre de la situation alors que le maître en est l'esclave. C'est ce qui se passe en ce moment où bien des humains deviennent esclaves de leurs esclaves numériques … Mais ces nouveaux maîtres subissent en retour la même dialectique : la technologie devenue maître du monde, a besoin, pour se perpétuer, que ses esclaves humains lui restent parfaitement fidèles, ce qui remet lesdits esclaves en position de force pour imposer, aux technologies, leur façon de concevoir leurs relations à elles.
Et ainsi de suite ...
Marc Halévy, mai 2016.