Vivre en réseau
Il existe des réseaux confraternels de dirigeants qui se retrouvent régulièrement pour s'entre-féconder. En France, des réseaux comme l'APM (Association pour le Progrès du Management), le CJD (Centre des Jeunes Dirigeants - créé dans les années 1930), le FCE (le réseau des Femmes Chefs d'Entreprise - créé en 1945) ou Germe en ont fait leur raison d'être.
Il existe aussi des réseaux plus locaux de dirigeants comme, en Lorraine, "Stratégie et avenir" ou, en Vendée, le CERA. Etc …
Ces réseaux fonctionnent bien et appliquent, chacun à leur manière dix préceptes que je formulerais ainsi :
1. Des petits groupes locaux d'une vingtaine de personnes maximum fédérés dans un vrai réseau collaboratif, sans hiérarchie ni centralisme.
2. Un engagement sérieux de présence (une fois par mois pendant au moins quatre heures).
3. Une charte de valeurs de base : bienveillance, bonne humeur, humour, plaisir partagé, amitié, confiance, respect …
4. Une volonté de progression et une dynamique de partage des connaissances et des expériences.
5. Un apport de contenu extérieur de haute qualité (experts dûment reconnus, sélectionnés et labellisés, inscrits dans une déontologie claire).
6. Une symbolique d'appartenance : insignes, rites, serments, couleurs, solennités, épreuves, emblèmes, …
7. Une organisation ternaire à tous les échelons : celui qui détient le pouvoir arbitral, celui qui fait l'autorité doctrinale et celui qui porte la passion tribale.
8. Une vision du monde partagée en termes de prospective et d'éthique.
9. Une pratique, commune et partagée, de recrutement et d'intégration permanents de nouveaux membres afin d'éviter le vieillissement et la sclérose.
10. L'organisation régulière d'activités parallèles, culturelles ou ludiques, entre soi ou avec conjoints, qui fassent "aventure commune".
Mais il y manquerait quelque chose que j'appelle volontiers "de la spiritualité".
Cette spiritualité est implicite et omniprésente si l'on veut bien entendre que la spiritualité, au sens philosophique, est la tension profonde à donner du sens et de la valeur à ce qui n'en offre pas toujours spontanément.
Cette spiritualité, sans lien nécessaire avec des pratiques ou croyances religieuses, est l'antidote le plus évident contre les affres de l'isolement. Dès lors que ce que l'on est, ce que l'on fait, ce que l'on vit prend sens et valeur à nos propres yeux, mais aussi aux yeux de ceux qui nous entourent, aux yeux de nos "complices de vie", la solitude redevient une source infinie de force intérieure … mais l'isolement devient impossible.
Marc Halévy, 12/2015